Programme
Vendredi 26 juin 2026
1ère Table-Ronde (TR) : État des lieux
Posons le pb du devenir des morts. Trop nombreux pour la planète (enterrement), trop polluants (crémation), trop chers (cyogénisation), trop inquiétants (humusation, aquamation), les morts qui augmentent avec la population planétaire ne peuvent plus être traités sur Terre. Seraient invités, les démographes, les pompes funèbres, des associations d’endeuillés, l’association des crématistes.
Pause
2de Table-Ronde : Sciences humaines. Traitement des corps-traitement de la mémoire.
Ici on parlera de l’éthique du pb de faire disparaître définitivement les corps. Hélas, la disparition des corps risque de donner lieu à une inflation de moyens pour les faire réapparaître. Avec la reconstitution des voix, les hologrammes animés, on risque au contraire de ne pas satisfaire à la condition sine qua non du deuil : l’absence. En supprimant les morts définitivement, on supprime de nouvelles façons de connaître nos ancêtres. Quelles seront ces archéologies du futur si nous supprimons tout accès aux restes matériels ?
Samedi 27 juin 2026
3ème Table-Ronde : La mort dans la culture. Paysages, cimetières
La mort a sculpté les paysages humains : pyramides, temples, arcs de triomphe, ou tout simplement grottes décorées, la mort n’a été acceptée par toutes les civilisations qu’à condition de laisser des traces pour marquer les roches, les décors naturels. Sont attendus Jean-Didier Urbain, Pascal Hintermeyer et son doctorant Jean-Christophe Colinet, des géographes, des architectes, Vinciane Despret.
Pause
4ème Table-Ronde : Les croyances, les lieux de rappel des morts, la spiritualité.
Les croyances ont-elles besoin de s’appuyer sur des supports matériels ? Ce débat confronte les religions matérialistes aux religions purement spirituelles. La décomposition du cadavre est une transition difficile, aussi le corps embaumé et le squelette sont préférés comme support de la mémoire. Le choix du virtuel pourrait cependant s’imposer et donner lieu à de nouvelles façons de se rappeler les morts. De nouvelles croyances pourraient-elles émerger de l’abstraction de la mort ?
Ateliers
Les ateliers des deux après-midis des vendredi 26 juin et samedi 27 juin se passeront au Pavillon Théodule Ribot à la faculté de psychologie.
Appel à communication pour les 4 ateliers / jour, 4 comm /atelier
Atelier N°1 : Temporalité du deuil.
MFB : Le processus psychologique du deuil suit classiquement le temps de la décomposition du cadavre. Le processus social du deuil semble être clôturé dans de nombreuses sociétés par la date anniversaire de la mort. Si le cadavre disparaît plus vite, si les restes ne sont plus regroupés dans un espace public où se rencontrent les endeuillés, qu’advient-il du souvenir des morts ? Le temps du deuil sera-t-il bouleversé par l’abstraction croissante du corps des défunts ?
Atelier N°2 : Les IA.
La conception d’une reproduction de l’image animée des défunts connaît tous les jours des améliorations. Alors que les diaporamas ponctuaient les cérémonies funéraires, les animations de défunts fleurissent. Des soldats victimes de la guerre sont ainsi reconstitués en 3D. Parfois, les défunts figurent en hologrammes et s’approchent des endeuillés pour les laisser dans un état de choc émotionnel délétère. Faut-il laisser ces « re-créations » hanter les endeuillés ou réglementer ces animations virtuelles qui, avec les IA génératives, vont bientôt donner une vie nouvelle à des défunts instrumentalisés pour le meilleur (les corps ont disparu) et pour le pire (le défunt hante définitivement les endeuillés).
Atelier N°3 : Écologie de la mort : nouveaux traitements des corps, nouveaux « restes »
MFB : Un mort virtuel peut-il réellement prendre la place des emboîtements habituels linceul, cercueil, tombeau, urne, cimetière ? Après la crémation qui a, dans les pays occidentaux, occasionné une véritable révolution, voici venu le temps des nouveaux traitements du corps des défunts, compostage ou humusation, dépôt dans un cimetière naturel. Ici, le devenir du corps suit un schéma biologique et économise des tonnes d’équivalents CO2. La Chine a procédé de même en imposant aux chinois de ne plus enterrer leurs morts faute de place. Si le réchauffement climatique impose de modifier le volume des 3 milliards d’individus retrouvés dans le sol terrestre, quels moyens écologiques acceptables affectivement, moralement et socialement sont-ils possibles ?
Atelier N°4 : Les artistes de la mort. Les pratiques artistiques de la mémoire.
« Ce que tu as hérité de tes pères, acquiers-le pour le posséder », écrit Goethe, repris par Freud. Les pratiques artistiques de la mort constituent autant une création autour de la perte, de la séparation, de la souffrance psychique liée à la confrontation à notre finitude commune, qu’une tentative de dépassement de cet horizon à travers l’évocation de ce qui reste vivant après la mort du sujet, future appropriation psychique par ceux qui lui survivent. Le rapport qu’entretient la création artistique à la pulsion de mort, à ses manifestations psychiques et sociales, à sa négativité structurelle, mais aussi à la pulsion de vie qui lui est indissociable, et au passage de l’une à l’autre sera interrogé.
Atelier N°5 : Les archéologues du futur et les « nouvelles » traces des morts
La mort ne concerne pas seulement les psychologues et sociologues, mais elle constitue un matériel essentiel pour les archéologues. Sans traces des morts du 21ème siècle, comment reconstituer la vie des ancêtres ?
Atelier N°6 : La recomposition des morts (abstraction mais aussi objets symboliques)
Les restes des morts mis en cérémonies ont toujours rythmé la vie de nos ancêtres pour leur symbolique. Leurs représentations menaçantes d’avertissement ou leurs pouvoirs de superstition avaient une influence majeure sur l’expérience contemporaine comme sur la culture. Mais comment abstraire l’absence ? C’est bien justement l’absence qui permet le processus du deuil. Les images toujours présentes entravent la substitution de proche en proche du lien d’attachement et par conséquent, le deuil.
Atelier N°7 : Les deuils des animaux et des paysages.
La disparition de certaines espèces entraîne une artificialisation de leurs images. Est-ce tolérable et cela ne conduit-il pas à entériner la destruction de leur écosystème ? Doit-on faire le deuil des paysages modifiés par l’anthropisation ? La recréation des animaux disparus (dodo, auroch) pose des questions éthiques quant à la tolérance des activités destructrices volontaires et involontaires des humains
Atelier N°8 : Places et lieux des rituels :
faut-il fixer la place des morts ? Cet atelier traite du futur proche. Quelles approches pour quelles célébrations ? Quel souvenir des morts et quels supports de cette mémoire ? Le changement majeur que constituera la disparition des morts doit être anticipé pour prévoir les effets de cet acte irréversible.


